COMPREND DES MODÈLES TÉLÉCHARGEABLES ET UNE VIDÉO EXPLICATIVE !
Le jour dernier, je vous ai parlé des méthodes photographiques qui utilisent des éléments organiques tels que les feuilles et les fleurs pour créer des photographies (voir l’article), et aujourd’hui je vais vous parler de cette relation au sein de l’art pictural.
Les artistes disposent de nombreux moyens pour faire en sorte que leur art contribue à une utilisation plus responsable des ressources naturelles, réduise son impact sur l’environnement (notamment en termes de déchets, comme nous l’avons également vu avec la photographie analogique) et se développe au contact de la nature.
ART, NATURE ET SCIENCE
La relation entre l’art et la nature est incontestable, à la fois comme source de ressources et d’inspiration. On le constate aussi bien dans la création traditionnelle de pigments pour les peintures à l’huile ou à l’aquarelle que dans les interventions artistiques qui ont lieu dans l’environnement naturel.
Depuis les peintures rupestres préhistoriques jusqu’au monde contemporain avec des artistes comme David Popa, qui crée d’impressionnantes « fresques éphémères dans la terre » avec des pigments naturels (charbon de bois, craie et eau), l’homme s’est connecté à la terre par le biais de l’art.
Dans cet article, j’explique les différences entre l’art botanique et la peinture artistique ou décorative de fleurs, je passe en revue son évolution historique et, à la fin, je vous propose de créer votre propre herbier illustré, en vous fournissant un modèle téléchargeable comme guide de référence, ainsi qu’une vidéo sur la manière d’illustrer à l’aquarelle, réalisée par mon amie l’artiste Alicia Gomar.
QU’EST-CE QUE L’ART BOTANIQUE ?
Si nous parlons d’art botanique, la première chose à savoir est ce que c’est et ce qui le différencie des autres peintures florales.
La réponse réside dans la précision et la rigueur de l’œuvre, sa finalité et l’endroit où elle sera publiée. Alice Tangerini, illustratrice au département de botanique du Smithsonian’s National Museum of Natural History (NMNH), explique que « l’une des façons de distinguer l’art botanique des beaux-arts est que l’art botanique doit être reconnu au moins au niveau du genre, voire de l’espèce [de la plante] » (source). Alice fait ici allusion à la précision du dessin qui permet l’identification correcte de la plante.
Les illustrations botaniques qui accompagnent les travaux académiques ont un objectif scientifique clair et doivent respecter certaines conventions afin de pouvoir être facilement interprétées par les botanistes. Elles peuvent également accompagner des annotations scientifiques dans des monographies sur des groupes taxonomiques et dans des articles de journaux décrivant des espèces végétales nouvellement découvertes. Si l’illustration est publiée dans un magazine de jardinage, elle sera moins détaillée.
Judith Magee, conservatrice des livres rares au Natural History Museum de Londres, explique dans cette vidéo que le but de l’art botanique est « d’aider les scientifiques dans leur travail d’identification, de description, de classification et de dénomination des espèces » (2011).
L’art botanique n’a cependant pas toujours suivi une tendance unique. Judith explique comment la tendance dominante à présenter dans une seule illustration les différentes parties de la plante utiles à son identification a été contrée par une autre tendance chez les naturalistes qui préféraient voir la nature comme un tout et la peindre telle qu’ils la voyaient dans le monde naturel.
Dans l’art botanique, la relation entre la nature, la science et l’art est donc très étroite. « Nous [les artistes] donnons vie aux mots des botanistes », explique Lucy Smith, artiste botanique aux Kew Gardens de Londres, au National Geographic. C’est sa valeur scientifique et sa fonctionnalité qui le définissent, par opposition à un art floral plus libre, qui peut s’autoriser des libertés artistiques pour des raisons esthétiques ou décoratives.
UN PEU D'HISTOIRE
Pour mieux comprendre l’art botanique d’aujourd’hui, il faut d’abord regarder en arrière et voir d’où il vient.
S’il existe des antécédents à la Renaissance, comme les illustrations de Leonhart Fuchs (du point de vue des propriétés médicinales et curatives) ou les dessins botaniques de Léonard de Vinci (qui s’intéresse déjà à la structure des plantes en tant que telle) ou d’Albrecht Dürer, l' »âge d’or » de l’art botanique est considéré comme étant le XVIIIe siècle, grâce aux explorations et aux découvertes de cette époque.
Le Dr James Compton explique dans son livre Plants que c’est « l’âge de raison » des XVIIe et XVIIIe siècles qui a introduit un nouvel esprit de recherche scientifique et un intérêt pour la collection de plantes qui a conduit de riches mécènes à engager des artistes pour enregistrer leurs trésors végétaux.
Au XVIIe siècle, la botanique s’impose comme une discipline scientifique autonome, indépendante de la médecine, et les floras et florilèges font leur apparition. Avec la découverte constante de nouvelles espèces, le besoin se fait sentir d’établir un ordre : les identifier et les classer de manière systématique. C’est Carl von Linné qui, en 1753, a introduit un système binomial selon sa théorie taxonomique : chaque plante reçoit deux noms latins indiquant son genre et son espèce. Par la suite, d’autres conventions ont été ajoutées, et aujourd’hui le Code international de nomenclature est la norme en vigueur.
À cette époque, des artistes partent en exploration scientifique, documentent et enregistrent la flore des lieux qu’ils découvrent. Il convient de noter que les femmes ont joué un rôle très important dans le développement de l’art botanique à cette époque, bien qu’elles n’aient généralement pas reçu autant de reconnaissance que leurs homologues masculins. La Oak Spring Garden Foundation parle d’elles dans cet article de Google Arts & Culture article.
La photographie représente-t-elle un risque pour l'illustration ?
Au XIXe siècle, le rôle principal est joué par les photographes plutôt que par les illustrateurs. Les expériences qui commencent à être développées à cette époque avec des matériaux photosensibles permettent une nouvelle approche de la capture d’images. L’invention du daguerréotype et du photogramme, entre autres, a permis de reproduire des images de plantes avec une fidélité jamais atteinte auparavant.
La question de savoir si la photographie peut remplacer l’illustration dans les travaux scientifiques a été soulevée à de nombreuses reprises. Michelle Meyer, artiste botanique spécialisée dans les orchidées et vice-présidente de l’American Society of Botanical Artists, a déclaré : « On ne peut jamais obtenir toutes les informations sur une plante dans une photographie, parce que quelque chose est toujours flou ou dans l’ombre, [alors que] dans une [illustration] botanique, tout peut être net » (source). Cependant, avec les progrès de la technologie et la possibilité d’éditer les images en post-production, il est désormais possible d’obtenir une image nette à 100 % à partir de nombreuses prises de vue.
Dans le livre Manual de ilustración científica de la maison d’édition Geoplaneta (2022), il est écrit à ce sujet : » rien n’est plus faux […] dans l’illustration d’un organisme, on ne se réfère pas à un spécimen spécifique, mais à un représentant idéal de tous les individus de la même espèce » et, certainement, c’est quelque chose qui la différencie de la photographie.
Plutôt que de les opposer, il faut voir qu’elles vont de pair et peuvent se nourrir mutuellement. Les progrès technologiques (comme les rayons X) ont permis de voir des détails inimaginables auparavant, ce qui a enrichi la production artistique.
PEINDRE D'APRÈS NATURE OU D'APRÈS UN HERBIER
Les sources d’inspiration sont nombreuses lorsqu’il s’agit de peindre une plante. Les artistes botaniques dessinent et peignent aussi bien des plantes vivantes dans leur habitat naturel que des plantes cultivées ou collectées et peintes après dans leur atelier. « Dans le cas des illustrations scientifiques, le sujet est généralement un spécimen d’herbier, une plante collectée et pressée à sec entre des feuilles de papier selon un procédé vieux de plusieurs siècles qui préserve le spécimen, mais le laisse plat et relativement incolore » (source).
Chaque option a ses avantages et ses inconvénients. Par exemple, peindre au naturel implique la difficulté de s’adapter aux conditions climatiques du moment et à l’inconfort du territoire. Disposer confortablement les matériaux est complexe, de même que s’adapter aux changements de lumière au fil du temps. Une option pour résoudre ce problème est de ne pas effectuer tout le travail sur place, mais de le terminer dans l’atelier en prenant des notes et des photos. À la fin de l’article, dans le modèle téléchargeable que j’ai préparé pour vous, j’ai tenu compte de ce facteur !
D’autre part, peindre à partir d’un spécimen d’herbier comporte d’autres difficultés. Le pressage à sec altère les qualités de la plante, si bien que de nombreux illustrateurs botaniques » reconstituent des parties de la plante séchée en les chauffant brièvement à ébullition dans une solution spéciale d’eau, d’alcool et d’un agent mouillant » (idem), afin de leur redonner vie et de pouvoir les reproduire.
Dans les illustrations botaniques qui accompagnent les publications scientifiques, on trouve souvent aussi des vues détaillées qui proviennent d’une dissection de la plante au microscope.
Aujourd’hui, pour devenir un artiste botanique professionnel, il existe des possibilités de formation formelle et certifiée. Mais il existe aussi d’autres façons d’aborder l’illustration du monde naturel d’un point de vue esthétique, en encourageant l’utilisation de nouvelles techniques et les synergies avec d’autres domaines artistiques en dehors du champ scientifique.
VOTRE HERBIER ILLUSTRÉ
Selon la RAE (Real Academia Española), un herbier de botanique est une collection de plantes séchées et classées, utilisées comme matériel pour l’étude de la botanique. Comme nous l’avons vu, les artistes botanistes les utilisent comme modèles pour leurs illustrations, leur donnant vie en les trempant ou en les faisant bouillir dans l’eau.
Après cet aperçu de la définition et de l’évolution historique de l’art botanique, ouvrons un peu nos horizons : Je vous propose de créer votre propre herbier illustré. Apprenez à mieux connaître l’environnement qui vous entoure par le dessin, la photographie et la collecte (si possible) de spécimens.
MODÈLES TÉLÉCHARGEABLES
Si vous ne savez pas quelles données inclure dans votre herbier ou comment organiser l’information, vous pouvez télécharger ce modèle :
Vous trouverez dans ce modèle des recommandations et des idées pour la mise en page de votre carnet illustré. Si vous utilisez des feuilles individuelles au lieu d’un cahier, la section » numérotation » vous permettra de les classer ultérieurement et de les relier (par exemple avec une couture japonaise).
VIDÉO EXPLICATIVE AVEC ALICIA GOMAR
Vous ne savez pas comment dessiner et peindre votre illustration botanique ? L’artiste Alicia Gomar vous l’explique pas à pas dans cette vidéo.
Vous y apprendrez comment réaliser l’illustration, du dessin à la mise en couleur à l’aquarelle, et comment donner de la plasticité à votre carnet. Elle comprend des informations sur l’encrage et l’écriture ou lettering.
Vous pouvez activer les sous-titres sur Youtube car l’audio original est en espagnol.
En créant cet herbier, vous apprendrez à mieux connaître votre environnement, vous découvrirez des curiosités sur les plantes que vous n’aviez jamais remarquées auparavant et vous regarderez la nature avec le calme que requiert la peinture. Si vous avez des questions sur la façon de créer votre carnet ou des idées basées sur votre propre expérience dans ce domaine, n’hésitez pas à écrire un commentaire !
À vous de jouer : partagez vos résultats sur les médias sociaux. Tague-moi sur Instagram (@albacid_) et je serai ravie de partager votre illustration botanique !